La fleur et le guerrier

Entre toutes les fleurs, la fleur de cerisier ;
Entre tous les hommes, le guerrier.
花は桜木人は武士
hana wa sakuragi, hito wa bushi

Japan Sakura

Sakura est le nom générique des cerisiers ornementaux du Japon, dont le plus représentatif est le Prunus serrulata dôté d'une fleur à cinq pétales. Le mot dériverait de "sakuya" (fleurir) du nom de la princesse Kono-hana-sakuya-Hime, dont le temple se trouve au sommet du Mont Fuji. Ce long nom signifie littéralement "arbre-fleurs-floraison-princesse". La princesse fut nommée ainsi parce qu’il est dit, qu’elle tomba des cieux d’un cerisier.

Depuis l’époque Heian (794-1185), chaque année, au printemps, les Japonais célèbrent l’Ohanami (« Vision des fleurs »). Le hanami était un rituel religieux tenu un jour particulier. Ceci marquant l’arrivée du printemps, il était coutumier de procéder à ces cérémonies avant les plantations. Ainsi on appréciait la beauté des fleurs de cerisiers et par là, la qualité des récoltes de riz à venir. On célébrait l’augure en mangeant et en buvant sous les arbres. A cette époque, cette tradition n’était respectée que par les paysans pour les récoltes et la haute société et les nobles pour l’esthétique.

"L’impermanence est la loi universelle" : ceux sont là les derniers mots prononcés par Bouddha. Il n’est pas indifférent que la beauté de la fleur éclose soit affirmation de la fragilité de la vie. La fleur de cerisier est, dans le bouddhisme, le symbole de l’impermanence de toute chose.

La rencontre du bouddhisme zen avec la caste des samouraïs eut lieu sous l'ère Kamakura, alors qu'elle imposait ses pratiques viriles et martiales à une société devenue totalement féodale. Le zen, austère et élitiste, trouva chez les bushi des hommes aptes à suivre la discipline, alors que ceux-ci découvraient dans le zen une doctrine ascétique et sévère s'adaptant bien à leurs besoins. Le zen influença le Bushido en libérant les guerriers de la peur de la mort.

Dès lors, la fleur de cerisier est devenue l’emblème des samouraïs, dont la vie était « aussi éphémère que la floraison des cerisiers ». Cette fleur ne vit pas plus d’une semaine. Sa chute à l’apogée de sa beauté symbolise l’homme au sommet de son évolution se détachant du monde. Ce symbole de la fragilité de la vie représente également la joie de la floraison et de la renaissance.

Proverbe

急がば回れ

Romanji : Isogaba Maware
Traduction littérale : si on se presse on tourne en rond.
Sens : plutôt que prendre un raccourci qui peut se révéler dangereux il vaut mieux prendre le chemin le plus sûr même s’il est plus long.
Equivalent français : Hâte-toi lentement.

Proverbe 2

習わぬ経は読めぬ

Romanji : Narawanu Kyô Ha Yomenu
Traduction littérale : il est impossible de réciter un soûtra sans l'apprendre auparavant.
Sens : il est normal d'éprouver des difficultés face à quelque chose qui ne nous est pas familier.
Equivalent français : C'est en forgeant que l'on devient forgeron.

Hakama 袴

Définition :

C'est le pantalon large commun à tous les pratiquants de Budo japonais. Historiquement, il s'agit d'un pantalon ample que portaient les guerriers par dessus leur kimono lorsque la cavalerie était toute puissante. Le but de ce vêtement était la protection des membres inférieurs (et du kimono) contre les frottements (branches, buissons, selle ...). Lorsque les mutations de la société féodale amoindrirent le rôle des cavaliers, les samouraïs conservèrent le port du hakama comme un signe distinctif de leur appartenance sociale.

Symbolisme :

Le hakama peut être de multiples matières, couleurs, longueurs suivant son utilisation ; toutefois, sa forme est immuable car elle s'attache à une tradition. Ainsi, le nombre de plis est-il porteur d'une grande signification. Suivant les écoles, l'analyse du vêtement compte cinq ou sept plis auxquels sont attribués diverses vertus.

- Interprétation n°1 -
5 plis symbolisant les 5 vertus fondamentales empruntées au Confucianisme, à savoir : bienveillance (jin), justice (gi), bienséance (rei), fidélité (chu), sincérité (shin).

- Interprétation n°2 -
7 plis rappelant les 7 vertus essentielles du Budo : bienveillance/générosité (jin), honneur/justice (gi), courtoisie/étiquette (rei), sagesse/intelligence (chi), sincérité/franchise (shin), loyauté/allégeance (chu), piété/dévotion (koh).

Pragmatisme :

Le hakama dispose de lanières qui se nouent sur l'abdomen et d'un dosseret rigide qui se positionne au niveau des lombaires. Il est intéressant de noter que ces éléments placent idéalement le bassin pour l'obtention d'une posture juste de l'axe vertébral. De plus, la pression du noeud de ceinture sur le kikai-tanden et du dosseret sur le koshi, permettent la prise de conscience du hara et donc l'éveil au ki.

Keikogi

Etymologie :

稽古 keiko - pratique, entraînement
gi - vêtement, tenue

Traduction :

Vêtement d'entraînement
Tenue de pratique
Il existe des variantes de cette appellation comme Dogi (道着 / vêtement de la voie) ou Iaidogi (居合道着 / tenue de la voie de la vie en harmonie).

Contexte :

La majorité des écoles de Budo préconisent l'utilisation du keikogi afin de se conformer à l'étiquette.
Néanmoins, il est intéressant de noter que la tradition instaurant le port de cette tenue est récente puisque l'utilisation du keikogi remonte au début du 20ème siècle.
En effet, les samouraï s'exerçaient aux bujutsu dans leurs vêtements quotidiens en raison de leur statut social et de leurs obligations. Ils pratiquaient donc revêtus du hakama et du kimono relatifs à leur rang.

C'est vers 1900 que Jigoro Kano créa le Judo à partir d'anciennes écoles de jujutsu afin de développer chez le pratiquant une attitude de respect pour le principe de l’efficacité maximale et du bien-être de la prospérité mutuelle.
Dans un but de nivellement social, Jigoro Kano élabora un vêtement "uniforme" accessible à tous les pratiquants. Le coton étant résistant et excédentaire, il élabora cette tenue en s'inspirant des sous-vêtements japonais (kosode / 小袖).

Le principe de cet vêtement d'entraînement fut repris par les autres Budo qui pour la plupart conservèrent tout de même le hakama.
De plus, certaines écoles améliorèrent le vêtement en le teintant avec de l'indigo lequel, en plus de ses qualités antibactériennes et anti-insectes, renforce naturellement les fibres.

Nota Bene :

La veste se porte revers gauche au-dessus. Cette disposition se justifie pour deux raisons : une raison martiale, les samouraï pouvaient saisir facilement le tanto qu'ils portaient dans le revers; une raison culturelle, les morts sont revêtus de leur kimono avec le revers droit au-dessus.

Les manches ne doivent idéalement pas descendre au-delà de la moitié de l'avant-bras (pour faciliter le dégainage, pour les saisies ou pour que le partenaire ne se prenne pas les doigts dedans).

Le pantalon doit lui arriver quelques centimètres au-dessus de la maléolle (pour ne pas être visible sous le hakama).

Le port du pantalon sous le hakama est facultatif dès lors que la bienséance est préservée.

Sageo 下げ緒

Définition :

Le sageo est une cordelette attachée au fourreau (saya) du sabre par le (kurikata). Ses caractéristiques peuvent être variables : la forme (ronde ou plate), la longueur (courte ou longue) et la matière (coton, soie, cuir).

Sageo

Origine :

Pendant la période Kamakura (1185-1333) le samuraï était encore essentiellement un cavalier et son sabre, le tachi était parfaitement adapté à cette situation. Il se portait tranchant vers le bas et était suspendu à la ceinture par le sageo.

Tachi

Plus tard, durant la période Edo (1600-1868) l'évolution historique et sociale de la charge du samuraï firent de lui un piéton et modifièrent son armement. Le tachi fut remplacé par le daisho (couple katana / wakizashi) et ce dyptique fut porté tranchant vers le haut et fourreaux enfoncés et maintenus par la ceinture (obi). Malgré la perte de sa vocation première le sageo fut conservé mais son rôle subit une mutation.

Musashito

Le sageo hier :

Sur les champs de bataille le samuraï utilisait le sageo comme une dragonne pour fixer le fourreau à sa ceinture et éviter sa perte lors des combats.

Lorsque la situation le permettait, le samuraï détachait le sageo du kurikata et l'utilisait pour ficeler les larges manches de son kimono et ainsi ne pas être gêné lors du maniement de son sabre.

Le sageo était également détaché du fourreau pour servir dans les techniques de ligotage (hojo-jutsu) des ennemis capturés.

Le sageo fournissait une disponibilité de cordage pour toutes les situations où ce genre de matériau s'avérait nécessaire (réparer des sandales par exemple). Comme l'indique un proverbe japonais (kotowaza) : "être préparé c'est le gage d'une absence de soucis".

Notons qu'à la période Edo, les samuraïs devenus piétons furent rattachés à des Maisons où chaque déplacement était formalisé. Dans ce cadre où le sabre (katana) devait fréquemment être déposé, le sageo n'était pas noué à la ceinture mais simplement placé derrière le fourreau voire enroulé autour de celui-ci.

Le sageo aujourd'hui :

Dans le contexte de l'école Muso Shinden Ryu, le sageo est glissé dans le obi sur la partie droite du hara en prenant soin de laisser prendre une partie suffisamment importante pour ne pas entraver la mobilité du saya.

Néanmoins, nous ne pouvons tirer une règle générale d'usage du sageo à partir de notre expérience car chaque ryu a son approche et parfois des différences apparaissent au sein d'une même école. Le sageo peut être noué côté gauche, glissé derrière le fourreau, enroulé autour du fourreau,etc...Certains styles se passent même du sageo !

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